jeudi 29 janvier 2009

Pedalades en Argentine...du vent, beaucoup de vent

Depuis la Bolivie, nous rêvions de belles routes asphaltées, à peine vallonnées. C'est un peu ce que nous avons trouvé en Argentine, mais souvent avec beaucoup de vent, très chaud et sec, dans le style 35 degrés nous fouettant à 40 ou 60km/h de face. Dans ces conditions, surtout en fin de matinée, cela peut devenir épuisant de depasser le 5km/h sur le plat, la deuxième barre fatidique pour le moral en dessous des 10km/h.


Même une bonne descente ne guarantit rien lorsque le Zonda remonte vers les haut plateaux. A peine avions nous passé Humahuaca, que nous regrettions la fraîcheur et le calme de l'altiplano.
Rien que pour avoir le vent en notre faveur, nous sommes même remontés vers Salinas Grandes et Santiago de los Cobres. Les paysages étaient spéctaculaires, avec moins de cactus, mais cela nous ramenait aussi vers la solitude de la ruta 40 et son inimitable texture sinusoidale qui transforme nos guidons en manches de marteau-piqueur.
Des que nous avons pu, nous sommes redescendus vers Cafayate et ses vignes pour y passer le 1er de l'an en compagnie d'autres cyclotouristes rencontrés en route, dont la sympathique famille Jolivot que nous avions rattrapée à nouveau (ils avaient pris le bus en Bolivie, pas fous hein?).
Enfin, quasiment jusqu'à Mendoza, nous n'avons eu que du désert et très souvent le Zonda très fort en milieu de matinée. Parfois, nous faisions la sieste en attendant que ça se calme, pour repartir vers 16 ou 17h.

Tout ce qui pousse dans la région pique. L'algarrobe et ses épines de 12cm de long domine le paysage. Mis a part les divers cactus de sol qui s'étendent en véritable tapis à fakir et rendent le camping un peu délicat (il faut terrasser à la machette), la plus vicieuse des plantes est une espèce de buisson très vert bardé d'épines à double ou à quadruple pointes en chevrons. Dès qu'on l'efleure par mégarde (justement en s'écartant de la route pour camper), les pointes s'ancrent dans la chair ou les vêtements et ramènent le reste de la branche pour lacérer tout ce qui se trouve à portée de rameau. Se défaire de cette plante est tout un apprentissage de patience et de méticulosité.


Comme si la flore ne donnait pas assez de piquant à nos aventures, toutes les bebêtes qui pullulent dans ces contrées ont le don de mordiller ou de piquer. Ainsi, en plus des nuées de moustiques et des fourmilières colonisatrices, les gauchos du coin nous mettent en garde contre les scorpions, les mygales sauteuses et les vipères. Dommage, nous étions bien contents d'ignorer leur présence jusqu'à maintenant.
Enfin, un petit arrêt dans un camping aménagé au bord de sources cristallines nous a redonné espoir avant San Juan. Il y avait même du cresson frais et de petites écrevisses bizarres, au pied d'une belle montagne.

Les Argentins sont très conviviaux et très accueillants. Il est difficile de fréquenter une aire de repos un samedi ou un dimanche sans être convié à une copieuse parrillada. En WE, les familles se reunissent autour de montagnes de viande, dans la catégorie "très bon et très gras" grillées sur d'énormes barbecues publiques installés un peu partout dans le pays. Il y a de l'eau potable à tous les robinets, la plupart des routes sont excellentes, et le niveau culturel moyen nous permet d'avoir de vraies discussions avec les locaux, ne se limitant pas à "combien coûtent vos vélos? venez-vous des états unis? Nous nous sentons plus accompagnés, moins Gringos.
Ici, la contre-partie la plus flagrante du developpement industriel et des normes sanitaires à mille lieux au dessus de ce que nous connaissions jusqu'alors, est l'absence de petits plats en vente partout dans les rues, l'absence de grands marchés ouverts, et un choix très réduit de produits fermiers ou artisanaux. Cela contrarie pas mal les estomacs ambulants que nous sommes devenus, au point de regretter toutes les saveurs douteuses du Pérou et de la Bolivie.
Enfin, nous avons testé le vin, ca ne compense pas vraiment mais ca rend le sommeil profond surtout après une journée sur la route.
Mendoza était une ville trop grande pour que nous sachions l'apprécier, nous avions envie de grand air pur. C'est ce qui nous a motivé pour franchir une dernière fois la cordillère des Andes vers le Chili.

Il y avait bien un tunnel frontalier, mais ca n'aurait pas été drôle, alors nous avons préferé mouliner sur l'ancienne passe. Au rapport 22/32, bien calés dans nos pédales automatiques, c'était tellement raide (8% en moyenne, 16% dans les courbes) que parfois nous glissions en arrière par manque d'adhérence. Dans ces conditions, redémarrer en côte relève du comique. Jamais nous n'avions été aussi près de la neige. Des congères glaces dégelaient au goutte-a-goutte en bordure de piste.
C'était un passage de frontière grandiose, pas de paperasse à 4000m, juste un drapeau planté là avant que la piste ne plonge abruptement sur l'autre versant.

Et puis nous avons filé vers Los Andes, une petite ville tranquile qui nous a servi de base pour faire un aller-retour à la capitale Santiago de Chile, trouver des pièces de rechange pour notre rechaud. Valparaiso n'était qu'à une journée de pédalage. Une vraie ville avec un marche, des petits plats comme on les aime bien et pleins de vieux quartiers assez pittoresques desservis par des ascenseurs montés sur rails.



Plus de niews plus tard et des tofs dans la gallerie