dimanche 23 novembre 2008

Eté, hiver, été, hiver... de Cusco, Pérou

Il paraît que c'est la crise? Dans la plupart de pays que nous avons traversés récemment, il n'y a pas d'eau potable ou même pas d'eau courante (faut la chercher en dehors de la ville, il y a quand même des services de distribution à dos d'âne), les gens cuisinent au feu de bois, et personne ne semble morose pour autant malgré des gouvernements corrompus jusqu'à la moelle.

Depuis les dernières news, nous sommes remontés vers Huancavelica, puis après une nuit à 4600m parcequ' un orage de grêle nous avait arrêtés dans notre élan, (le lendemain tout était gelé y compris la toile de tente prise en croûte de glace à cause de la condensation), nous avons pu passer le col de Chonta (4850m) avant de filer dans une sublime descente entre lacs bleus et végétations rase sur une piste de plus en plus caillouteuse avec de nombreux passages ondulés comme de la tôle. Pour les amateurs d'impressions fortes sur ces pistes poussièrreuses, en dessous de 15km/h, chaque pierre et chaque creux se ressentent dans le guidon et on a presque l'impression qu'il est impossible d'avancer tellement ça secoue les poignets. Mais pour peu qu'on ose lâcher les freins et se laisser filer, la vitesse a vite fait de gommer toutes les irrégularités du terrain dans un vrombissement de sensations floues. Au delà de 40km/h, les passages sur gros gravier et sur tôle ondulée deviennent risqués même dans les longues lignes droites, avec cette impression de flotter et une réponse molle et tardive de la direction. Vers 60km/h, les sacoches se décrochent et on se fait de grosses frayeurs.

Les jours suivants, il nous restait à traverser une immense étendue désertique à un peu plus de 4000m, entre llamas et alpacas indomptables, avant d'amorcer une longue descente progressive vers le tempéré, puis le chaud et enfin le désert avec ses immenses dunes de sable brûlant. Un peu plus de 150km de pure descente en zigzagues à flancs de rocaille nous emmenait contre un vent furieux jusqu'au bord de l'eau, à Pisco (aucun charme architectural, la ville a été détruite par un tremblement de terre l'été dernier). Avant même de poser les vélos, nous sommes allés nous ressourcer au marché, à coups de Ceviches et d'énormes papayes. Quelques jours plus tard, après une série de secousses sismiques en guise de réveil-matin, nous repartions vers Nasca (la où il y a des lignes tracées dans le désert).


Nous nous sommes remis sur petit plateau et petit pignon à mouliner sur la même pente interminable durant plusieurs jours, afin de laisser l'été brûlant et sec de la côte derrière nous et retrouver la fraîcheur des sommets. Un peu avant VillaTambo, à 2780m, nous avons rattrapé la famille Jolivot (http://5-bicyclettons.over-blog.com/) qui faisait une pause en bord de route. Superbe vue sur El cerro blanco, la dune de sable la plus haute du monde, des cactus et pas encore de végétation, coucher de soleil rose néon sur un sol lunaire, le camping sauvage relève du grand spectacle.
Le lendemain soir, après une très belle journée sous un ciel bleu, nous arrivions à Negromayo (4400m) sous un orage de grêle noir et très froid. Alors que nous allions monter la tente près du village (15 maisons en terre, pas d'électricité et l'eau glacée d'une rivière) nous croisions un cycliste danois sur la redescente (http://www.worldtravellers.dk/ chacun y va de son blog).


En fait, dans ces coins très retirés, les seuls étrangers que nous puissions rencontrer sont d'autres cyclotouristes en ballade, c'est toujours l'occasion d'en savoir un peu plus sur le relief qui nous attend. Notre seule autre compagnie, les vicuñas, quelques lapins bizarres les viscachas qui se poursuivent entre les éboulis rocheux, des renards furtifs à l'aurore et des flamands roses sur les lacs de l'altiplano (en fait ça grouille de bêtes).
La suite n'est que yoyo andin, ça redescent, il fait 37 degrés C, ça remonte, il ne fait plus que 7 degrés C, puis ça redescent dans le canyon vertigineux et quasi-tropical de l'Apurimac (la forêt amazonienne n'est pas si loin plus à l'Est) avant de grimper à nouveau vers Abancay puis Cusco (3400m).

Nous y faisons escale depuis près d'une semaine, remise en état des vélos oblige (changement des plateaux, des pignons, des chaines, le tout baille avec un peu plus de 12,000km au compteur), lessive, et empifrades de plein de bonnes choses au marché central (j'ai retrouvé de la pâte de cacao 100% pure), les menus à 3 soles (1 dollars) font notre bonheur, et les copieux jus de fruits achèvent de nous caler.
A la poste restante de Cusco, j'ai pu recevoir (courtoisie de mes amis et supporters trialistes à Tartybikes) les fameux pneus Marathon Plus, réputés increvables, ce qui devrait nous épargner pas mal d'arrêts inopinés en bord de route (pour les stats, 52 crevaisons depuis Avril et c'est moi qui m'y colle). Nous sommes allés faire un tour au Machu Picchu, ouaips, impressionnant et vertigineux.
Après quelques jours de repos à Cusco (très touristique et pour le coup très cosmopolite, pour la première fois depuis longtemps on se croirait dans une grande ville européenne) la routine du pédalage et la tranquilité des andes majestueuses nous manquent, nous reprenons la route demain sur des vélos quasiment neufs.

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